Depuis que les manifestations des jeunes et des moins jeunes s’enchaînent, tous les partis ou presque ont cherché à se (re)positionner sur l’échiquier des défis environnementaux.
Ce qui m’a frappé le plus c’est la posture de la NVA (notamment via Bart De Wever) et du MR (via entre autres Corentin de Salle) qui vise à stigmatiser ceux qui pensent qu’il est temps d’agir pour préserver nos conditions de vie sur la planète comme des extrémistes. Il s’agit là d’un sophisme bien connu, celui de l’homme de paille: faire passer l’adversaire comme extrême afin de présenter ses propres positions comme parfaitement rationnelles et sensées.
En gros, leur discours vise à nous faire comprendre que : “les écolos disent qu’il y a un problème” ▶️ “ils agitent plein de catastrophes possibles pour vous faire peur” ▶️ “ce n’est pas bien comme attitude” ▶️ “nous sommes des gens plus sensés et qui ne voulons pas vous faire peur” ▶️ “rassurez-vous, on veille pour vous” (et il n’y a pas vraiment de problème avec notre gestion de la planète et des ressources naturelles. D’ailleurs le néo-libéralisme va tout résoudre 👍).
Je ne reviendrai pas sur leur position d’éco-pragmatique, éco-réaliste ou autre éco-blabla (tous ces termes témoignant de ce qu’ils ne peuvent plus se dire climato-sceptiques, mais n’assument pas encore la nécessité d’intégrer l’écologie en transversal à côté de l’économie).
Ce qui m’a interpelé, c’est cette stigmatisation de la peur, alors que de leur côté :
- la NVA n’arrête pas d’agiter la peur que tout bon flamand devrait ressentir à l’égard de ces wallons “piqueurs d’argent flamand”. Et en particulier de tous les socialistes wallons.
- MR et NVA agitent à tour de bras la peur des migrants, qui nous envahissent et viennent perturber nos modes de vie bien rodés (sans compter la menace lourde des femmes voilées).
- Le MR, et Charles Michel en premier, ne cessent de inciter à nous méfier de ces mauvais chômeurs (entendez “chomeurs volontaires”) qui refusent les “jobs jobs jobs” qu’on a prévu pour eux.
Alors, deux poids, deux mesures (qui est aussi un sophisme 😀)? Ou opportunisme de mauvais aloi en espérant que les électeurs et électrices ne fassent pas trop les liens ?
Pourtant, il me semble qu’il y a une sacré différence entre une inquiétude, basé sur des faits scientifiques, pour une altération irréversible de la planète et de nos conditions de vie, et des peurs liées à des interprétations politiques du vivre ensemble, sur lesquels il n’y a pas de vérité mais bien matière à débat. C’est qui le loup qui fait peur finalement? Qu’en pensez-vous? Allez, je m’en retourne à mes 🐑…
Pour aller plus loin:
- Une explication des différents sophismes, dont “l’homme de paille” et “deux poids deux mesures”
- Un ancien article de la Revue Nouvelle: "Peur et environnement. Qui vit sans phobie n’est pas si sage qu’il croit"
- De Wever: "Niet geloven in doemverhalen"
- La "sortie" de Corentin de Salle, qui propose -comme pointé par le journaliste- de privatiser l'environnement pour le sauver.
- Article du Soir sur les positionnements éco - quelque chose
Photo de Philipp Pilz sur Unsplash
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