Il y a quelques années, lors de l’achat d’un mix-soupe, le vendeur avait recommandé une marque qui assurait le suivi et même la fourniture de pièces de rechange. Dont acte (d’achat) car l’argument était vertueux et convainquant. Voici qu’il vient de tomber en panne, ce qui me donne l’occasion de vérifier la mise en pratique.
Diagnostic

Entendant que le moteur tourne, mais plus l’hélice coupante au bout du manche, j’ai vite constaté que le manchon plastique dans lequel les pièces s’emboîte a… fondu (“cassé 2” sur la photo) ! L’appareil étant bien conçu, il suffit de démonter deux vis pour ouvrir le tout et comprendre: la “sangle-bouton” (“cassé 1” sur la photo) qui maintient l’emboîtement en place est cassée (sans doute un coup ou un usage trop fort). Du coup le manche n’est pas resté bien à sa place et, les pièces tournant à haute vitesse, des frottements se sont créés et ont fair fondre la pièce plastique d’entrainement. Il suffirait donc de remplacer deux petites pièces en plastique pour que tout re-fonctionne: l’embout d’entrainement au bout du moteur, et la sangle-bouton déficiente à l’origine de la dégradation.

Solution?
Me voilà dès lors sur le site du fabriquant à la recherche de ces deux pièces. Et, là, je déchante. Le vendeur avait raison, la marque assume le suivi, mais pas au niveau des pièces : au niveau des composants. Je ne peux donc acheter pour quelques euros mes deux morceaux de plastique. Je peux uniquement racheter le bloc entier d’entrainement, contenant le moteur et tout le mécanisme…. pour 69,71 € (contre 79,99 pour un appareil neuf complet).
Premier hic : ce prix, sensé être plus attractif que le prix d’un appareil neuf ne l’est pas tant que cela puisqu’une simple recherche en ligne me propose l’appareil complet… pour le même prix, voire moins cher !

Deuxième hic : sur le site du fabriquant, selon le pays le prix varie ! Ainsi, si j’habitais au Pays-Bas, la même pièce me reviendrait à 47,95 €. Pourquoi ? Mystère…
Troisième hic : En termes d’usage des ressources, on me propose donc bien de changer tout le coeur de l’appareil, et donc d’envoyer au recyclage via mon parc à conteneur 600 grammes de moteur et d’électronique de contrôle en parfait état de fonctionnement ! Car on n’a pas prévu les 10g de pièces plastiques de rechange. Absurde, non ?
Quatrième hic : Obstiné, j’ai donc écrit au support de la marque pour demander s’il n’était vraiment pas possible d’avoir juste les deux pièces en plastique. Cela fait 15 jours… pas de réponse !
Conclusion
Frustration est sans doute le mot qui décrit le mieux mon sentiment. Car la solution est à portée de main, mais inaccessible. Cela démontre surtout qu’aujourd’hui le défi n’est pas (plus) la lutte contre l’obsolescence dite programmée mais celle contre l’absence de prise en compte de la durée de vie maximale d’un produit manufacturé. Ce que je nommerais la lutte contre l’obsolescence par négligence (qu’elle soit volontaire ou non). A cet égard, des initiatives émergent pour promouvoir la réparabilité et la durabilité, comme le label Longtime. A soutenir définitivement, car le parcours va encore être long avant que cela devienne la nouvelle norme.
Addendum: Classification en cours
Sur base de différentes lectures et réflexions, je tente d’établir une cartographie des formes d’obsolescence et de leurs solutions. Diagramme en évolution, sur lequel je tente de replacer la chronique (et les suivantes). Commentaires et suggestions bienvenues.
Le cas du mix-soupe est clairement un problème de défaut fonctionnel, puisque quelque chose a cassé, mais qui se double d’un problème économique. L’appareil étant bien conçu pour l’auto-démontage, et une “simple” mise à disposition des pièces permettrait de le réparer instantanément. A défaut, la présence de plans des différentes pièces permettrait d’éventuellement les faire produire à la demande (par exemple via une imprimante 3D, comme souhaite l’expérimenter le projet européen SHAREPAIR).

Crédits: Photo de couverture de Nathan Parris sur Flickr
Article migré début 2023 sur le nouveau site, sans les commentaires