A Court-Saint-Etienne, un lieu est devenu un quasi incontournable de la vie associative locale, en ce en à peine 3 ans : il s’agit du Quatre Quarts évidemment ! Constitué sous forme de coopérative à finalité sociale, ce projet est né de la volonté de trois femmes de réaliser un projet en accord avec leurs valeurs. Et quelles valeurs !
Contre vents et marées, elles se sont accrochées à leur vision, ont réussi à convaincre la SNCB de leur faire confiance (en leur octroyant in fine un bail hyper-précaire) ainsi que le CREDAL, tandis que la commune regardait le tout très timidement. Aujourd’hui la coopérative commence à trouver son équilibre (verdict à l’AG qui arrive bientôt ), ce qui est formidable d’impact local. Le tout avec une gouvernance partagée (à commencer par les fondatrices qui laissent chacun·e prendre sa place) et une bienveillance sans faille.
Quatre Quarts, c’est un quart de restauration (source principale des rentrées financières), un quart librairie alternative, un quart d’artisanat avec la mise en avant d’acteurs locaux, et un quart ateliers (avec une offre incroyable vu le succès du lieu pour y organiser toutes sortes de chose). Mais il y a un cinquième et un même sixième quart !!! Avant d’expliquer cela, petit détour par l’aspect économique.
Quatre Quarts, c’est un budget finalement relativement léger (de l’ordre de 100.000€ annuel) pour un endroit ouvert tous les jours du mercredi au samedi (et même souvent le mardi matin) hormis quelques périodes de vacances. Cela est possible car le projet s’appuie sur nombre de bénévoles, et que les permanent·es acceptent, volontairement, de se faire (très) peu payer. Une véritable philosophie du bonheur avant l’argent.
Et pourtant, j’entends souvent dire que Quatre Quarts reste cher, trop cher pour une partie de la population stéphanoise. Et c’est vrai ! Mais comment cela se fait-il alors que le poste salarial est si léger ? Cela s’explique principalement par un choix de qualité et de ne pas générer d’externalités négatives. Le projet internalise l’ensemble de ses coûts. Je m’explique : la cantine de Quatre Quarts ne propose que la cuisine fraiche, locale, de saison, transformée sur place et bio la grande majorité du temps. Ainsi, Quatre Quarts n’est pas responsable de pollution quelconque (ni pesticides ni pots d’échappements sur de longues distances) ni d’ “esclavage économique” car la coopérative paie le juste prix à des fournisseurs locaux pour que chacun puisse vivre de son métier, et ne mise pas sur de la production à échelle industrielle (avec ses implications énergétiques et de conditions d’emploi) pour être sans cesse plus rentable. Chez Quatre Quarts, tout ce que vous consommez a été préparé avec soin et attention (oserais-je même dire “amour”), et il n’y a même pas de micro-onde ni de produits congelés (hormis quelques restes pour ne pas gaspiller, mais qui ne sont jamais servis en l’état). Alors, cela a un prix… qui fait que -malheureusement- cela reste accessible à un bobo comme moi, mais pas aux plus jeunes ni à toute la population.
Et pourtant ce genre d’initiative mériterait d’être soutenue, même de manière publique, puisque:
- d’une part son (5ème) quart environnemental ne reporte pas sur la société plein de factures indirectes, allant des effets désastreux de la pollution (35.000 morts par an en Belgique dus aux particules fines), à l’obésité liée à la malbouffe ou aux cancers avivés par les pesticides ;
- d’autre part son (6ème) quart social a complètement re-dynamisé le centre de Court-Saint-Etienne, donné un lieu de réunions pour de nombreuses associations, permis de gagner en visibilité à de nombreuses activités, qu’elles soient culturelles, ludiques ou autres… Re-rendu une âme stéphanoise à une commune qui en avait bien besoin dans sa re-construction post-“faillite des usines Henricot” (et dont le projet urbanistique de réhabilitation ne mise définitivement pas sur le lien social, mais c’est un autre sujet).
Ces deux quarts-là, personne ne les paie, mais tout le monde en bénéficie. Cela vaut bien de temps à autre un repas à 12€ ou une bière à 3,5€, non ?
Vous ne connaissez pas encore l’endroit ? Dépêchez-vous d’y venir à la prochaine occasion, le Six Quarts est ouvert à tou·tes et si vous ne souhaitez pas “juste” venir manger un bout ou boire un verre, vous ne devriez pas avoir de difficulté à trouver un truc qui vous plait dans l’agenda varié du lieu.
Photo d'Alexandra Golovac sur Unsplash
Article migré début 2023 sur le nouveau site, sans les commentaires