Bénéfice à court-terme ou perte à long-terme?

Investir dans des énergies renouvelables, c’est cher. Soutenir l’éducation, cher aussi. Trouver des alternatives au plastique: cher. Soutenir les transports en commun pour qu’il y ait moins de pollution diesel dans les villes: cher. Utiliser moins de pesticides, et donc sans doute plus de main d’oeuvre humaine: re-cher !

Vous l’aurez compris, toutes les démarches pour transformer notre société vers des modes plus durables nécessitent de l’argent, aujourd’hui et maintenant. Ce qui n’est pas simple à trouver dans les budgets des institutions. Et donc, nombre de décideurs argumentent que cela coûte trop cher, qu’on n’a pas la capacité d’investir maintenant, que cela ne rapporte pas suffisamment à court-terme (et mandat se renouvelle à court-terme).

Le problème, c’est que personne ne fait le calcul à long terme et ne décide en conséquence. Le ré-assureur (i.e. un assureur d’assureurs) Munich RE regarde à cela et publie régulièrement des études à ce sujet. Eux qui indemnisent en bout de course nous permettent ainsi de comprendre les effets long-terme. Ainsi, le diagramme ci-dessous montre l’évolution constatée du nombre de catastrophes que l’on peut, si l’on excepte celles d’origine géo-physique, lier à la non-action contre le changement climatique :

image
Extrait du rapport de Munich RE: « Topics GEO – Catastrophes naturelles 2015 Analyses – Évaluations – Positions Édition 2016 »

Eloquent, non? Et bien entendu ce que cela coûte au (ré-)assureurs augmente en proportion, à coups de milliards d’euros. Alors, ne serait-il pas temps d’obliger les décideurs à justifier leurs décisions non pas en fonction du seul budget de l’année, mais en fonction du coût global à 20 ou 30 ans ?

Et cela se joue à plein de niveaux d’impact socio-environnementaux: du changement climatique à la pollution atmosphérique (de récentes études estiment à 300.000 le nombre d’européens qui décèdent de par la pollution liée aux particules fines, souvent après de coûteux traitements médicaux), en passant par les nuisances sonores, la consommation d’espace, la congestion (automobile) ou les accidents (de la route).

Tiens? Ce sont justement ces 6 critères là que l’état de l’environnement wallon a retenu pour chiffrer les coûts “externes”, i.e. cachés, de nos différents modes de transport. Voici le résultat condensé, auquel j’ai rajouté le vélo :

image
Coût des externalités de différents modes de transport (par 100 km)

Ainsi, chacun d’entre nous, lorsque nous utilisons notre voiture pendant 100 km, nous ne faisons “que” en payer l’assurance, l’essence et l’entretien, tandis que la société -outre les infrastructures routières- se retrouve à payer en plus entre 17 et 43 euros d’externalités ! Nos choix aussi, comme ceux des décideurs, devraient s’opérer en termes de coût global.

Comme cela, maintenant vous connaissez une des raisons qui m’a motivé à faire du 🚴‍♂️ au quotidien 😃


Pour en lire plus:
- Pour le rapport mentionné plus haut de Munich RE, mais également tous leurs autres travaux de recherche et de surveillance: https://www.munichre.com/topicsgeo2015
- L’Etat de l’environnement wallon 2017 (les chiffres utilisés proviennent de la page 86, encart “COÛTS EXTERNES LIÉS AU TRANSPORT DE PERSONNES ET DE MARCHANDISES”): 
Photo de Pietro De Grandi sur Unsplash
Article migré début 2023 sur le nouveau site, sans les commentaires

Posté le

dans

par