Les éco-taxes
En cette période pré-électorale, les débats commencent à faire rage et les poncifs de tout genre remontent à la surface. S’il y a un que je vois souvent à propos des écolos, c’est celui “Ecolo = taxes” (environnementales ou pas).
Rapide dé-construction de ce mythe.
La dernière fois qu’il a émergé avec force, c’est lors des débats suite aux manifestations des gilets jaunes, avec des allusions très nettes de certain·e·s chroniqueur·se·s comme quoi Ecolo serait bien entendu l’instigateur des éco-taxes sur le carburant. Et qu’il allait donc falloir se méfier dans le futur si les écolos acquéraient plus de pouvoir.
Pourtant, comme très bien démontré par Nicola Couvreur dans le graphique ci-dessous, ces “éco” taxes ont été instaurées par une majorité Rouge-Orange, et augmentées systématiquement par tous les gouvernements sauf celui où Ecolo a participé ! Et le gouvernement Michel est sans doute un de ceux qui a le plus fait augmenter celle sur le diesel !

CQFD? Evidemment, le fait d’appeler cela éco-taxe n’est pas anodin 😟 Volonté délibérée de créer l’amalgame et d’induire le citoyen ou l’électrice à établir de faux liens de cause à effet?
De l’importance surtout des choix de dépenses
Mais collecter des taxes et impôts est inévitable pour tout gouvernement. Car comment orchestrer le bien commun, des infrastructures aux services tels la santé ou l’éducation, sans budget ?
Ce qu’il importe de surveiller de près comme citoyen·ne, ce sont les choix opérés par le gouvernement. Pour faire simple – et tout aussi caricatural que l’éco-taxe – le gouvernement choisit-il de dépenser 15 milliards pour des avions de chasse, ou pour revaloriser le métier d’enseignant et améliorer la qualité des formations ?
A cet égard, ce qui est assurément demandé aux élu·e·s, c’est de poser des choix transparents, et idéalement à long terme. Sans aller jusqu’à lier une partie du salaire des ministres à de quelconques critères de performance comme en Colombie-Britannique, nous sommes toutes et tous en demande de transparence et de cohérence par rapport aux enjeux. Macron n’est pas cohérent avec ses “éco-taxes” pour tous tandis qu’il rabote les impôts pour les ultra-riches, et n’affecte pas les “éco-taxes” à des “éco-objectifs”.
Au final, l’enjeu pour les années à venir n’est pas d’opposer objectifs écologiques ou sociaux, mais bien de faire de l’économie en tenant compte des variables long-terme que sont les impacts sociaux ET écologiques. Le “développement durable” ne devrait plus se concevoir selon la partie gauche du schéma ci-dessous, mais bien selon la partie droite :

Il s’agit de mettre des moyens pour une meilleure harmonie sociale, vivant dans un environnement donné et limité. Et parmi ces moyens, l’économie est un outil, important certes, qu’il est urgent de mettre au service du bien commun.
Pour aller plus loin
- L’analyse détaillée de Nicola Couvreur
- L’article du Monde du 6 février 2019: “Climat : à l’étranger, des taxes carbone efficaces et approuvées par la population”
Photo by Alice Pasqual on Unsplash Article migré début 2023 sur le nouveau site, sans les commentaires