Faire le lien: pas toujours si simple…

Dès notre plus tendre enfance, des découvertes telles que « si j’approche ma main du feu, cela brûle » ou « si on arrose, cela pousse » nous ont familiarisés avec les liens de causalité : une cause entraîne un effet.

Plus tard, nombre d’entre nous aurons reçu une introduction à la bonne manière de tenir de tels raisonnements : les syllogismes, par opposition aux sophismes.

Deux difficultés, d’ordres complètement différents, surgissent toutefois au quotidien : d’une part, il s’agit que les prémisses du raisonnement soient correctes. D’autre part, trait typiquement humain, ce n’est pas parce que nous sommes intellectuellement d’accord avec un lien de cause à effet que nous nous mettons d’office à en adresser les causes dans nos vies quotidiennes.

Sur le premier aspect, prenons un exemple qui ressort régulièrement, que ce soit dans la bouche de Trump ou dans de nombreux posts Facebook suite aux marches des jeunes pour le climat : “le réchauffement climatique annonce des températures plus chaudes, or il fait plus froid que jamais à Chicago (-40°), donc le réchauffement climatique n’existe pas”. La structuration logique du raisonnement est correcte: en effet, si A implique B, le fait de ne pas avoir B veut dire que A n’a pas lieu (car sinon B serait présent d’office).

Alors, où est l’erreur ? Elle se trouve dans une (souvent subtile) manipulation des prémisses. Car la prémisse “le réchauffement climatique annonce des températures plus chaudes” est fausse. D’abord il s’agit de changement climatique (cela fait longtemps qu’on ne parle plus de réchauffement). Et une de ces résultantes est de relever la température moyenne de la terre, i.e. de l’ensemble des lieux de la terre sur une période longue, par exemple mesurée sur une année (i.e. le climat). Il n’y a pas d’affirmation comme quoi il fera plus chaud partout à tout moment. Et donc un fait météo local et ponctuel ne contredit nullement la tendance générale (le climat).

Ce genre de manipulation fait partie des sophismes pratiqués par les climato-sceptiques, mais pas seulement. Et nous nous faisons souvent tous avoir par des raisonnements dont la seule apparence logique nous convainc.

 Il faut être capable de distinguer la structure logique d’un propos et son contenu.

Le second aspect est sans doute encore plus délicat, et constitue la base du sujet que le présent blog souhaite approfondir. Pour prendre un poncif du genre, j’ai beau savoir que le chocolat n’est pas produit dans des conditions sociales et environnementales exemplaires, je ne parviens pas toujours à rester raisonnable sur la dose que je consomme.

Dissonance cognitive? Non, je ne pense pas que cela soit à ce point 🙂 Mais assurément, je mets une partie de mon cerveau au frigo, par manque de temps, par facilité ou paresse, pour “faire comme tout le monde”, ou par “envie”. De la différence entre la théorie (avec laquelle on est d’accord) et la pratique (plus difficile à assumer)… En particulier difficile sur les sujets écologiques qui requièrent de changer nos habitudes.

Alors, j’ai envie de vous proposer à intervalles des petits sujets sur ce double thème, des contradictions glanées au cours de discussions et rencontres… quand elles ne proviennent tout simplement pas de mon quotidien. Et vous ? Vous avez des cas en tête de telles difficultés d’argumentaires ou de mise en pratique ? Lâchez-vous dans les commentaires, cela m’intéresse ! 


Photo de Bryson Hammer sur Unsplash
Article migré début 2023 sur le nouveau site, sans les commentaires

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